Gilles Villeneuve

La Renault Turbo débute avec Jabouille, mais elle fait seulement seize tours. Patrick Tambay débute avec l'Ensign, mais il n'arrive pas à couvrir quatre tours. Gilles Villeneuve débute avec la McLaren et il arrive onzième. Gil est la vraie révélation du week-end après le neuvième temps dans les qualifications. Pendant les essais libres du dimanche matin le canadien est tout simplement le plus rapide. "De Villeneuve vous sentirez parler beaucoup et très bientôt" les journaux écrivirent. Après neuf mois d'abstinence, Hunt retourne sur le podium comme vainqueur. Durant les moments sombres il n'avait jamais perdu l'espoir et il avait toujours déclaré que pour lui la victoire l'attendait derrière l'angle. Chose qu'on ne peut pas dire de Watson, encore une fois très malchanceux. Le pilote anglais, parti magnifiquement, a maintenu la première place jusqu'au moment qu'une manque d'alimentation a interrompu sa course. Dans ce moment là Hunt qui avait eu raison, d'abord de Scheckter et après de Lauda, a gagné la course, étant donné qu'il réussit à dépasser Watson sans difficultés. Lauda signe la place d'honneur avec la Ferrari. Pour Villeneuve il y a aussi un arrêt inattendu aux box pour un contrôle mais malgré tout ça il est très heureux de son épreuve, tout en ne montrant pas ouvertement son enthousiasme. "Je suis calme, je crois, et il faut vraiment quelque chose de gros pour me faire faire les sauts de joie. Je ne m'enthousiasme pas facilement."

Deux Ferrari en premier rang: Villeneuve est à deux dixième de son chef d'équipe. Cela peut être la course du petit canadien à peine rétabli d'une embêtante maladie (les oreillons). A la fin de la première rectiligne, Reutemann est en tête mais au premier virage il est touché par Watson et Andretti. La Ferrari se trouble légèrement, elle perd le rythme et Villeneuve passe en tête. A moins de neuf mois de son premier Grand Prix, à six mois de son début avec la Ferrari, Gilles a déjà su comme se porter en haut. On peut voir que le rythme du canadien est authentique, c'est-à-dire il ne freine personne, au contraire, l'avantage semble augmenter. Au dixième passage l'ordre est le suivant: Villeneuve est premier, Lauda deuxième et Reutemann troisième. Niki est dans le sandwich des Ferrari. Pendant qu' Alan Jones attaque et dépasse Andretti, Gilles porte son avantage à deux seconds et demi. Au vingt-huitième tour Niki Lauda reste soudainement sans allumage et il va droit au premier virage. Au trente-huitième tour le mauvais fait: Villeneuve se trouve à doubler Regazzoni; après l'avoir suivi pour quelque virage, il décide de le dépasser dans la partie mixte, la plus difficile du circuit. Clay ne voit pas arriver la Ferrari du canadien et il barre la trajectoire où Villeneuve s'était à peine enfilé. La T3 vole sur la Shadow. Gilles doit abandonner, Reutemann n'a plus d'adversaires et il gagne.

Peterson détruit sa Lotus au cours des essais libres du matin. Il part alors avec la vieille voiture sur laquelle on avait été monté son moteur. Andretti est en pole position. A son côté à peu de centièmes se place un Villeneuve de plus en plus croyable. Le départ est dramatique: à l'entonnoir qui conduit vers la première chicane, Patrese et Hunt se touchent et ce dernier heurte Peterson. La Lotus finit contre les protections et prend feu. C'est une catastrophe: un pneu finit sur le casque de Brambilla qui s'évanouit. Toutefois Vittorio s'en tirera bien, mais Ronnie vient soudainement hospitalisé à l'hôpital le plus proche. C'est une course malchanceuse ce jours là, la compétition vient suspendue tout de suite, le deuxième départ est donné presque trois heurs plus tard. Villeneuve bonde en tête en se traînant Andretti. On parle tout de suite de départ anticipé. Au neuvième tour la nouvelle est officielle: Villeneuve et Andretti sont pénalisés avec une minute. Le deux conduisent en tête comme de vrais matadors. Jusqu'à quand les pneus résistent, Gilles est insurmontable, puis il doit céder et au trente-cinquième tour (sur les quarante prévus) Mario le dépasse. Le drapeau flotte devant la Lotus, mais Andretti, avec la minute de pénalisation, est seulement sixième et virtuellement champion du monde. La victoire va à Niki Lauda qui ne salira pas sur le podium. C'est la veille d'un triste jour pour l'automobilisme. Peterson mourra le jour suivant pour embolie.

La surprise vient de Nelson Piquet, troisième en essai. A son côté, en deuxième file, la nouvelle Williams de Jones. L'Alfa Romeo aussi débute avec Giacomelli: ce sera un retrait pour tamponnement provoqué par De Angelis. Depailler va tout de suit en tête, pendant que Scheckter heurte la Williams de Regazzoni. Au dix-huitième tour Lafitte enfile son compagnon d'équipe et conduit pour quatre tours. Après c'est le tour d'Alan Jones; la course semble la sienne, en effet il gagne un second au tour, mais l'australien doit se retirer pour inconvénients électriques. Depailler et Lafitte vont de nouveau en tête. Au cinquante-septième tour Scheckter se porte définitivement à la commande. La cours a été animée. Lafitte est deuxième, Depailler se retire avec un pneu affaibli. Sur le podium manque Villeneuve, le vrai héro de la journée. Dans l'accident entre Scheckter et Regazzoni, Gilles aussi est impliqué et il doit s'arrêter aux box pour changer la muselière. Quand il reparte il est vingt-quatrième, c'est-à-dire le dernier; le canadien commence une formidable remontée, digne d'un champion. À huit tours de la fine il est incroyablement troisième, mais à 300 mètres de l'arrivée il reste sans essence. Il est classifié également septième. "C'est sûr que se une course pareille avait été faite par Jim Clark vous seriez exultants. À Villeneuve, au moins, battez les mains." Forghieri commenta à la fin de la course.

Avec un départ foudroyant du deuxième rang, Villeneuve se porte à la commande et il y reste pour quarante-cinq tours. Au quarante-sixième, la supérieure puissance de la Renault turbo de Jabouille fait valoir ses raisons, le pilote français passe et vole tranquille vers la victoire. Villeneuve et Arnoux restent à se disputer la deuxième et la troisième place. Tous les deux ont les voitures amoindries; Gilles a problèmes aux pneus et freins et René au tirage d'essence. Le virage au fond du rectiligne d'arrivée est le seul endroit où la Ferrari est à son aise; et c'est là que Villeneuve entre dans la légende avec deux ou trois coups de frein à la limite. Le pneu antérieur gauche bloque et chaque fois un nuage de fumée se dégage du pneu. Arnoux attaque et Gilles se défende, puis c'est Villeneuve qui attaque et René qui se défende. Ils se touchent plusieurs fois sur le tracé pendant que la lutte époustouflante est filmée par l'hélicoptère de la TV. À la fin Villeneuve a le dessus et après la course, Enzo Ferrari commente: "Je crois que la Ferrari ait un grand pilote." Gil et René répliquent: "Nous nous sommes amusés comme des fous!" Tous les autres épisodes du Grand Prix ont été obscurés par le duel fantastique, entré de droit dans l'histoire des courses modernes.

Villeneuve offrit encore une fois un émotionnant départ: de la troisième file il bonde très rapide, en profitant d'un couloir totalement libre à sa droite. Après quelque centaines des mètres, incroyablement Gilles conduit la compétition. Les commissaires observent le filmé et ils jugent régulier le départ du canadien. Dans son sprint, le ferrariste a dépassé les deux Renault turbo de Jabouille et Arnoux et aussi Lauda et Jones. Pour trois tours la Ferrari numéro 12 est en tête, puis au virage "Rindt" Jones la dépasse. "Je savais que tôt ou tard Jones m'aurait dépassé." déclarera le pilote canadien à fin course. L'australien, au contraire, dira "Villeneuve était plus lent que moi à la sortie du virage et j'ai pu l'enfiler, en profitant de son sillage dans la pente devant les box." La Williams est la voiture du jour, imprenable, elle s'adjuge facilement la victoire. Gil est deuxième, Laffite est troisième après avoir dépassé, au cours du dernier tour, la Ferrari de Scheckter. Regazzoni, qui a un moteur moins puissant que son chef d'équipe, est cinquième. Le championnat est très incertain: Scheckter à 38 points, Villeneuve et Laffite à 32.

Journée épique de Villeneuve, victoire de Jones, impressionnante remontée de Scheckter (de la dix-neuvième place), consécration de Rosberg, retiré quand il était optime quatrième, Regazzoni et Arnoux, éliminés au départ, premiers points mondiaux de Piquet. Ce sont les motifs d'un Grand Prix des Pays-Bas mouvementé, désormais c'est la règle, pour Villeneuve. Jones résiste à Gilles pour les premiers tours, puis le canadien le dépasse au virage "Tarzan", à l'extérieur. L'attaque est jugé superbe, le dépassement fantastique. il n'y a pas supériorité de la voiture, mais il y a la classe personnelle du pilote de la Ferrari. C'est le dixième tour et entre temps Scheckter, mal parti pour problèmes à l'embrayage, est en pleine remontée, lui aussi il dépasse au "Tarzan", au vingt-deuxième passage il est déjà troisième: seize positions gagnées en vingt-cinq tours! Un peu après la moitié de la course, Villeneuve passe en deuxième position; il a fait une tête-à-queue à la nouvelle chicane à cause du pneu postérieur gauche troué, qui est en train de se dégonfler. Deux tours après, l'enveloppe cède tout à coup devant les box et Gilles sort de piste au virage suivant. Il ne se rend pas, il se reporte en piste et il continue sur trois roues avec le bras soulevé pour signaler l'avarie, la suspension se brise et la voiture continue à avancer dans une mer d'étincelles provoquées par la tenue désormais compromise. Quand il arrive aux box, ce qui reste du pneu et de la suspension est seulement une queue qui pouvait se détacher d'une minute à l'autre. C'est le naturel retrait et l'adieu au Championnat du Monde.

Grande journée pour Jody Scheckter et pour la Ferrari qui obtient le titre de Champions du Monde. Villeneuve se place à la deuxième place en respectant les ordres d'équipe et les conseils que lui sont donnés avant la course. Au treizième tour Arnoux s'était arrêté: si son moteur turbo avait résisté il n'y aurait eu rien à faire pour la victoire. La Ligier de Laffite, le direct adversaire de Scheckter pour le titre mondial, reste en compétition jusqu'au quarante-deuxième passage, puis un "dehors-tours" compromet tout en l'obligeant au retrait. Il est 16 heures 42, Laffite rentre aux box et Scheckter est Champion du Monde. Gilles le suit comme une ombre, fidèle écuyer: il a tenu sa parole qu'il n'aurait pas attaqué. Les derniers tours sont un triomphe pour la Ferrari, mais aussi pour Clay Regazzoni qui est en train de tourner avec un crescendo enthousiasmant. Le pilote suisse arrive à peu de seconds du couple Scheckter-Villeneuve avec la satisfaction d'avoir signé le tour le plus rapide. Sous le podium une explosion de drapeaux salue le néo-champion. Jody sait très bien que si Gilles l'avait précédé, il aurait pu encore se battre pour le titre, mas il a tenu sa promesse de l'aider et c'est fête pour tous. À Villeneuve reste toutefois la consolation de pouvoir conquérir la place de vice-champion.

Le départ de Villeneuve est défini un "chef-d'œuvre". Gilles bonde par la deuxième rangée, il met la voiture presque de travers, s'insinue entre la Ligier de Pironi et la Renault de Jabouille, en prenant le commandement. Les gens en tribune deviennent littéralement muets. La Ferrari conduit pour deux tours, puis problèmes de pneus la ralentissent, Villeneuve rentre aux box, change les Michelin, rentre en piste et commence la poursuite. La foule est toute pour lui, mais après un forcené rattrapage, le blocage de l'accélérateur ne permet pas au canadien d'arriver à la fin et il se retire à 4 tours de l'arrivée. Entre temps René Arnoux prend la tête de la course, après le retrait de son compagnon d'équipe, Jabouille, et il la maintient jusqu'à la fin. Il s'adjuge ainsi sa première victoire dans une course mondiale. À la deuxième place un superlatif Elio De Angelis, avec la Lotus. Alan Jones et la Williams apparaissent en ton mineur: seulement une troisième place pour le plus qualifié prétendent (avec Villeneuve) au titre, mais il reste toutefois en tête du classement du mondial. Le duel pour la cinquième et la sixième place, entre Prost et Patrese, met en évidence le caractère du pilote transalpin destiné à devenir un vrai as.

À la fermeture des essais officielles, Villeneuve conquiert la pole position avec un tour incroyablement rapide. Puis il retourne aux box avec le moteur cassé. "En jugeant de la quantité de fumée bleue que le moteur de Gilles émettait après ce tour là - Jones commente - la poussée d'alimentation de son turbo devait être vertigineuse." Mais les Ferrari sont fortes. Gil est en tête pour quinze tours, sous la pluie. Puis il croit en un retour immédiat du beau temps et il décide hâtivement de s'arrêter aux box pour changer les pneus. Il s'agit d'un choix qui exalterait son intuition si la pluie cessait, mais malheureusement il continue à pleuvoir. C'est donc à Pironi de conduire jusqu'au quarante-sixième tour, jusqu'au moment qu' il perd la penture du panneau droit. La voiture n'est plus dirigeable et Piquet le dépasse à la variante. Nelson est ainsi en tête. Trois tours après, Riccardo Patrese conclut sa remontée de la sixième à la deuxième place. À quatorze tours de la fin Villeneuve, inépuisable et impétueux, signe son record sur le tour et puis il casse l'embrayage: en peu plus de quarante tours, le canadien a gagné outre une minute au group en tête, il se classifie toutefois à la septième place. Reutemann est troisième et Piquet triomphe: "Mon seul problème - le brésilien déclare - a été le dépassement de Pironi."

À un Reutemann qui renonce facilement, répond un Piquet sans punch. Il pleut et après les premiers six tours Alan Jones sent déjà la victoire en poche. Mais les pneus le trahissent et il abandonne parce que "Il n'y a pas de raisons de risquer de détruire la voiture." La tête laissée par l'australien est prise par Prost. Alain aussi sent les neuf points dans sa poche, mais les freins le trahissent. À ce moment-là (la course est commencée à peine de onze tours) c'est Laffite qui conduit et le français y restera jusqu'à l'arrivée. Watson est deuxième, alors qu'à la troisième place il y a un fantastique Villeneuve, parti de la sixième file: "Il n'a pas été difficile - dira Gilles - mais quand la piste a commencé à se sécher Watson s'est approché et je n'ai pas pu lui résister." Au premier tour Villeneuve avait touché Arnoux et à la fin du tour il était passé en dixième position. Au quinzième tour il est déjà deuxième, puis au trente-huitième Watson le dépasse et peu après il plie l'aileron antérieur en heurtant la Lotus de De Angelis. Gilles ne s'arrête pas et il fait quelques tours sans visibilité: il conduit en regardant la trace sèche laissée sur la piste. Puis l'aileron s'envole et il défend à outrance la troisième place, en tenant magnifiquement une voiture absolument pas dirigeable. À la fin il monta sur le podium avec Laffite et Watson. Et lui, devant son public, il voulait juste être là.

Sur le papier ça devrait être une course en ton mineur; mais elle sera une compétition historique. Pour une question de règlement liée au poids minimum de la voiture, Lotus, Brabham, McLaren, donc le mieux des écuries anglaises, sont absentes. Par contre il y a Renault, Alfa Romeo, Osella, Toleman et Tyrrell. Mais au départ il y a surtout les deux Ferrari bien déterminées à donner spectacle. Les Renault partent très rapides: tout prévu, Prost résiste six tours et Arnoux quarante-quatre. Ils restent encore seize tours. Seize tours d'enthousiasme aux étoiles, de bras élevés, de banderoles agitées, de hurlements. Villeneuve et Pironi rivalisent durement entre eux. Après avoir épuisé les deux Renault, Gilles est premier au cinquantième tour. Les accords sont que le pilote qui se trouve en tête doit y rester jusqu'à la fin, l'écriteau "slow" exposé par les box est éloquent, mais Pironi dépasse un incrédule Villeneuve au cinquante-quatrième tour. À deux tours de la fin, Gil, très décidé à gagner, attaque nouvellement le compagnon avec une décélération à la limite au virage "Tosa". Au dernier tour, au virage des "Acque Minerali", Didier se reporte en tête e il coupe victorieusement l'arrivée. Derrière les deux "ferraristes" un grand Alboreto, après tous les autres. Après l'arrivée la polémique éclate: Gilles est furieux: "Il m'a volé la course." Il dit en se référant à Pironi, qui rebat: "Un equipe comme la Ferrari sait bien qu'on ne peut pas ordonner de faire gagner l'un ou l'autre au quatrième Grand Prix de la saison." Mais Gilles n'est pas de cet avis et malheureusement ce sera son dernier poteau d'arrivée...